Andrée BORDEAUX LE PECQ (1910-1973)

Biographie :

Andrée Bordeaux-Le Pecq (née le 3 octobre 1910 à Laval, décédée le 5 janvier 1973 à Paris) est une artiste française, peintre, graveuse et cartonnière de tapisserie.

Origines et parcours personnel
Issue d’une famille d’origines angevine et bretonne, Andrée Le Pecq termine ses études secondaires en Angleterre, puis obtient un diplôme de l’Université d’Oxford. En 1935, elle épouse Jacques Bordeaux de Noyant, un jeune avocat originaire de Fougères et Saint-Malo. Le couple s’installe à Mayenne, où Andrée fonde un atelier de dessin et de peinture. Leur fils Jean-Luc naît à Laval en février 1937.
La Seconde Guerre mondiale bouleverse profondément sa vie : son frère, Bernard Le Pecq, pilote de chasse et résistant, est capturé par la Gestapo et exécuté à Paris en 1943. Son mari, mobilisé dès 1939 en tant qu'officier du Cadre noir de Saumur, est fait prisonnier, blessé, et subit pendant cinq ans les épreuves de la captivité, dont des expériences médicales nazies. Sa sœur Françoise, également résistante, épousera plus tard le diplomate Stanislas de Villèle.

Carrière artistique
En 1940, Andrée suit les cours d’Othon Friesz à l’Académie de la Grande Chaumière, et se forme auprès d’artistes majeurs tels que Jacques Villon, Léopold Survage, et plus tard Jean Bazaine. Son travail est rapidement reconnu, tant pour sa peinture que pour ses gravures sur cuivre et ses cartons de tapisserie.
Elle expose en France et à l’international : Bruxelles, Munich, Vienne, Genève, Florence, Rome, Tokyo, Mexico, New York… Son style, à la fois délicat et expressif, explore plusieurs périodes : un réalisme initial, une phase géométrique influencée par le cubisme, puis une période plus abstraite, dominée par les thèmes maritimes et les couleurs vives.
Inspirée notamment par les paysages de Bretagne, de Normandie et du Sud-Est, elle participe aux Salons d’Automne, des Artistes Français et au salon Nika-Kaï à Tokyo. Elle réalise également de nombreuses œuvres monumentales (tapisseries, émaux sur lave) pour des établissements publics à Laval, Tours, Caen, Blois, Saint-Brieuc, etc. Elle collabore avec le Mobilier national, particulièrement la manufacture de Beauvais, et produit des cartons pour les ateliers d’Aubusson. Elle illustre aussi plusieurs ouvrages.
Sa contribution à l’histoire de l’art naïf est marquante : elle fonde à Laval le premier musée français d’art naïf, au sein du Vieux-Château, en hommage à sa ville natale et au Douanier Rousseau.
Ses œuvres — natures mortes, scènes de pêche, paysages, portraits — figurent dans de nombreuses collections publiques à Paris, Téhéran, São Paulo, Reykjavik, Tel Aviv, Tokyo, Mexico, etc. Plusieurs critiques d’art renommés (Pierre Restany, Henry Galy-Carles, Jean Cassou…) lui ont consacré des textes.

Le Salon Comparaisons
En 1954, Andrée Bordeaux-Le Pecq cofonde le Salon Comparaisons à Paris et en devient présidente l’année suivante. Soutenue par Jean Cassou, conservateur du musée national d’art moderne, elle souhaite offrir une alternative à l’art officiel en défendant une vision pluraliste et internationale de la création contemporaine.
Sous sa direction, le salon accueille des artistes venus d’Allemagne, d’Autriche, du Japon, du Mexique, d’Iran… et favorise les échanges avec des peintres français, figuratifs comme abstraits. Grâce à elle, le « Prix Air France » permet à de nombreuses œuvres de circuler et de se vendre à l’étranger.
En 1964, elle célèbre les 10 ans du salon en organisant une grande exposition au musée d’art moderne, avec un florilège d’artistes majeurs : Christo, Yves Klein, Niki de Saint Phalle, Vasarely, Michaux, Ernst, Poliakoff, entre autres. L’événement, inauguré par Jean Cassou, attire un public considérable.

Décès
Andrée Bordeaux-Le Pecq s’éteint à Paris en janvier 1973, après une longue maladie cardiaque. Elle est inhumée au cimetière de Vaufleury à Laval.

Inspired in particular by the landscapes of Brittany, Normandy, and the Southeast, she participated in the Salons d'Automne, the Salon des Artistes Français, and the Nika-Kaï exhibition in Tokyo. She also created numerous monumental works (tapestries, enamels on lava) for public institutions in Laval, Tours, Caen, Blois, Saint-Brieuc, etc. She collaborated with the Mobilier National, particularly the Beauvais factory, and produced cartoons for the Aubusson workshops. She also illustrated several books. Her contribution to the history of naïve art is significant: she founded the first French museum of naïve art in Laval, within the Vieux-Château, in homage to her hometown and to the Douanier Rousseau.
Her works—still lifes, fishing scenes, landscapes, and portraits—are featured in numerous public collections in Paris, Tehran, São Paulo, Reykjavik, Tel Aviv, Tokyo, Mexico City, and elsewhere. Several renowned art critics (Pierre Restany, Henry Galy-Carles, Jean Cassou, etc.) have written articles on her.

The Comparaisons Salon
In 1954, Andrée Bordeaux-Le Pecq co-founded the Comparaisons Salon in Paris and became its president the following year. Supported by Jean Cassou, curator of the Musée National d'Art Moderne, she sought to offer an alternative to official art by championing a pluralistic and international vision of contemporary art. Under her leadership, the salon welcomed artists from Germany, Austria, Japan, Mexico, and Iran, and fostered exchanges with French painters, both figurative and abstract. Thanks to her, the "Air France Prize" enabled numerous works to circulate and be sold abroad.
In 1964, she celebrated the salon's 10th anniversary by organizing a major exhibition at the Museum of Modern Art, featuring a selection of major artists: Christo, Yves Klein, Niki de Saint Phalle, Vasarely, Michaux, Ernst, and Poliakoff, among others. The event, inaugurated by Jean Cassou, attracted a considerable audience.

Death
Andrée Bordeaux-Le Pecq died in Paris in January 1973, after a long heart illness. She is buried in the Vaufleury Cemetery in Laval.